Sur les conseils de navigateurs rencontrés l'automne dernier en Galice, notre choix d'escale s'est porté sur El Puerto de Santa Maria, en baie de Cadix.

Bien nous en a pris, car le capitaine a pu rapidement vérifier que "la Belle de Cadix a des yeux de velours"...

Nous découvrons un concentré du sud de l'Andalousie dans cette petite ville située au cœur de la Costa de la Luz, entre pinèdes et marais, face à Cadix.

Les premiers documents indiquant son existence datent de l’occupation musulmane mais elle a connu son apogée après sa reconquête par le roi Alphonse X, au XIIIe.

Au cours des siècles suivants, elle s'ouvre de plus en plus sur l'Atlantique et devient le point de départ de nombreuses expéditions maritimes, y compris au moment de la découverte de l'Amérique. Elle devient alors la "Capitainerie générale de la mer océane".

Juan de la Cosa, en 1500, y réalisa sa mappemonde où figuraient pour la première fois les terres récemment découvertes.

Aux siècles suivants, la ville s'enrichit grâce au commerce avec les Indes et les riches marchands y firent édifier de vastes demeures, véritables petits palais, aux superbes patios.

Le Château de San Marcos est l'un des édifices les plus remarquables d'El Puerto. Alphonse X fit édifier ce château-église sur le site d'une ancienne mosquée. Il présente des éléments architecturaux à la fois almohades et gothiques, reflet d'une cohabitation culturelle et religieuse intelligente ! 

Lors de notre visite, nous découvrons donc, dans cette forteresse, la salle où se côtoient la chapelle chrétienne et le mihrab de l'ancienne mosquée, décoré de cuir andalou.

Le patio abrite des orangers qui débordent des remparts...

Le château appartient désormais à la Bodega Caballero, ce qui nous permet de joindre la culture à l'oenologie...

Car, autre atout d'El Puerto de Santa Maria, nous sommes en pleine appellation d'origine "jerez-xérès-sherry"...

Il ne nous en fallait pas plus pour vouloir découvrir ce vin unique !

La zone de production est limitée car pour faire un bon xérès, il faut une bonne terre marneuse, "l'albariza", capable de retenir l'humidité dans cette région ensoleillée. Il faut ensuite de bons cépages : "le palomino", introduit au XIIIe, et "le Pedro Jiménez".

Lors des visites de caves, l'on remarque que les barriques sont toujours rangées les unes sur les autres sur trois niveaux : c'est le système des "soleras", spécifique aux vins de xérès.

La "solera" est la rangée la plus proche du sol et contient le vin le plus vieux. Au-dessus sont placées les "criaderas".

Environ trois fois par an, on soutire une partie de la "solera" pour l'embouteiller (dans la limite d'un tiers du tonneau par année), on remplace la même quantité de vin prélevée de l'étage intermédiaire, laquelle est remplacée à son tour par une quantité équivalente de l'étage supérieur.

On conserve ainsi un vin de qualité constante et l'ajout d'une petite quantité de cognac permet de le stabiliser.

Vous aurez constaté que la dégustation, largement appréciée, ne nous a pas empêché de retenir les informations indispensables pour vous documenter...

Nous sommes donc plus vaillants que certains anglais, qui, à l'époque élisabéthaine, lors d'une incursion à terre, découvrirent le stock de de barils ce qui fit échouer une attaque prévue de Cadix...

Néanmoins, le corsaire anglais, Francis Drake, (plus sobre ou plus résistant...) parvint à piller Cadix et à rejoindre l'Angleterre avec plus de 3000 tonneaux du vin local qui fut fort apprécié Outre-Manche.

Des importateurs britanniques vinrent s'installer en Andalousie et s'unir avec les belles andalouses. Leurs descendants, devenus de vrais "caballeros" consacrèrent plus de temps au dressage des chevaux et à l'élevage des taureaux de combat...


El Puerto de Santa Maria regorgent de nombreux entrepôts ("bodegas") aux noms évocateurs, comme "Osborne" (avec son logo au légendaire taureau noir)... Mais pour la cave du bord, nous nous arrêtons à la bodega la plus proche du bateau...

Certains entrepôts sont désaffectés, d'autres retrouvent une deuxième vie...


El Puerto de Santa Maria est aussi un haut lieu de la tauromachie.

La "Plaza de Toros" peut accueillir 15 000 spectateurs et est l'une des plus importantes arènes d'Andalousie.

Lors de notre visite, des jeunes s'entraînaient avec beaucoup de sérieux et devaient se rêver en habits de lumière, tels El Cordobès...

Attention toutefois à être au point avant le lâcher de taureaux...

Bellisa nous attend au Real Club Nautico où l'accueil est très agréable et depuis le cockpit, nous assistons aux entraînements sur kayaks et dériveurs.

Muchos besos d'El Puerto de Santa Maria !