Faute de pouvoir naviguer, nous décidons de consacrer notre dimanche à une petite incursion en voiture à l'intérieur des terres.

Aux portes de Preveza, plusieurs sites archéologiques témoignent de l'emplacement stratégique de la "Porte de l'Epire".


Nous nous rendons donc à Nikopolis où Octave, fils adoptif de Jules César, fonda la "cité de la Victoire", après avoir vaincu les flottes de Marc-Antoine et de Cléopâtre lors de la bataille navale d'Actium en 31 avant JC.

Une cité prospère se dressa rapidement sur le rivage ionien et connut un développement florissant jusqu'aux raids barbares.

La ville ne connut toutefois pas le sort de nombreuses métropoles romaines de la région et survécut, diminuée, encore quatre siècles, avant de péricliter à l’époque byzantine.

Nous déambulons donc dans ces vestiges du passé et constatons combien les moyens manquent pour remettre en valeur ce site très étendu.


Après cette remontée dans le temps, nous nous dirigeons vers un tout petit port de pêche à l'intérieur du golfe ambracique, Koronisia.

Une petite route emprunte l'étroite bande terre séparant les eaux du golfe de la lagune de Logarou.

La lagune regorge d'espèces d'oiseaux et les eaux y sont poissonneuses.

Au bout de la route, nous débouchons au tout petit port de Koronisia où les quelques pêcheurs produisent notamment de la poutargue (oeufs de mulet séchés).

Petite balade sur le quai où nous découvrons un prototype pour le moins original...

Puis, comme les familles grecques en ce beau dimanche, nous déjeunons à la taverna, où nous nous régalons de petites seiches locales.


Nous poursuivons notre route vers Arta, au milieu des orangeraies et des oliveraies.

Petit tour dans l'enceinte du château, qui ne nous laisse pas un souvenir mémorable.

Derrière les murailles imposantes, un vaste espèce totalement en friches et à l'abandon...

Les églises byzantines de la ville ont plus d'intérêt, notamment les belles façades de la petite Agios Vassileos, qui n'est ouverte qu'à l'occasion de la fête de son saint, Basile !

Le monument emblématique d'Arta est son très beau pont du XVIIe qui enjambe l'Arachtos.

La légende veut que les infortunés bâtisseurs avaient beau faire, l'ouvrage s'écroulait tous les soirs...

Seul un sacrifice humain pourrait assurer la stabilité du pont. Le maître maçon dût se résoudre à emmurer vivante son épouse dans l'une des piles...

Bref, le pont du diable local !


Pour finir notre petite virée, nous nous dirigeons vers le village de Kamarina, qui domine la côte au Nord-Ouest de Preveza.

Sur le mont Stefani qui surplombe le village se dresse un étrange monument blanc.

Curieux, nous rejoignons donc le monastère de Saint-Démètre au pied de la falaise.

Et, c'est parti pour l'ascension jusqu'au monument de Zalongo.

Au sommet, gravité et mystère dans le silence de la nature environnante.

La descente est toute aussi belle que la montée et offre une vue plongeante sur le monastère.

Petite intrusion dans la cour avant de quitter les lieux.

De retour au bateau, nous nous lançons dans les recherches au sujet de Zalongo.

Ce monument commémore le drame suivant :

Le peuple des Souliotes vivait à Zalongo depuis des siècles, selon un système de gouvernement autonome géré par la pseudo-confédération de leurs 47 tribus. Ils ne se rendirent aux Turcs qu'en 1803.

Cette année-là, après un long siège, Ali Pacha leur fait signer un accord de paix selon lequel ils doivent quitter leurs villages pour avoir la vie sauve, ce qu'ils font. Mais c'est sans compter avec la mauvaise foi d'Ali Pacha, qui les fait poursuivre, malgré le traité, pour les réduire en esclavage.

Et c'est alors que se déroule un épisode tragique : se retrouvant encerclées par les Turcs sur la montagne de Zalongo, 56 femmes souliotes décident de danser et de chanter devant les soldats, et de ne pas se rendre. Pour finir, elles se jettent toutes du haut de la falaise avec leurs enfants afin de montrer aux Turcs qu'on ne saurait réduire les Souliotes en esclavage.

Le monument à leur mémoire fut construit sur le site même du drame par le sculpteur Zoggolopoulos et l'architecte Karantinos.