26 juin 2023.

Nous sommes nombreux ce matin à embarquer sur les différents ferries qui font des aller-retour entre Kos en Grèce et Bodrum en Turquie : pas que des touristes, mais de nombreux turcs.

Si la traversée est très rapide (environ 20 minutes), les formalités de douane sont beaucoup plus longues et les files d’attente impressionnantes… C’est pourquoi, nous avons fait le choix de passer une nuit à Bodrum pour avoir suffisamment de temps pour explorer la ville.

Finalement, en fin de matinée, nous foulons le sol turc !

La baie de Bodrum est immense et nous sommes impressionnés par la quantité de bateaux, au mouillage ou dans les différents ports, notamment les grandes « gülets », goélettes traditionnelles en bois. Nous les avions souvent croisées en mer mais, ici la concentration est spectaculaire !

Nous partons immédiatement à la recherche de la petite pension où nous avons réservé une chambre. Elle se situe dans une ruelle du vieux Bodrum, à l’écart du bruit et de l’agitation, et nous y trouvons un accueil charmant.

Seul le père de famille parle anglais et nous conseille pour la visite de Bodrum.

Nous essayons de mémoriser quelques mots turcs pour remercier la maman et sa fille :

Merhaba = bonjour et Teçekür ederim = merci

Le petit jardin intérieur est calme et ombragé.

Bon présage !

Nommée «Halikarnasse» durant l'Antiquité, Bodrum, conserve de multiples traces de son histoire. La fondation de la ville remonte au premier millénaire av JC par les Doriens.

Elle voit naître l'historien Hérodote.

La période historique la plus importante de Bodrum est celle où elle fut la capitale de la région de la Carie au IVe siècle avant JC. À la mort du satrape Mausole, sa sœur et épouse Artémise II fait construire un immense cénotaphe, le Mausolée, l'une des Sept Merveilles du monde antique, qui rend la ville célèbre.

Assiégée par Alexandre le Grand, la ville est incendiée et s'en remet difficilement.

En 1402, l’empire ottoman perd son contrôle sur les côtes. 

Les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem profitèrent de la conjoncture politique pour construire un château-fort, auquel ils donnèrent le nom de saint Pierre, en se servant du Mausolée comme d'une carrière de pierres.  

Durant plus d'un siècle ils ne cessèrent d'améliorer les défenses du site.

Le village de Bodrum se développa ensuite grâce au commerce des éponges.


Nous partons donc à la découverte de la ville en remontant le temps.

Bâti au cours du IVe siècle av. J-C sous le règne du roi Mausole, le Théâtre Antique, à son apogée, pouvait accueillir 13 000 visiteurs, qui venaient assister à des combats de gladiateurs ou des représentations théâtrales. Aujourd’hui, des artistes locaux et internationaux se produisent encore sur le site.

De nos jours, une route à 4 voies longe l'édifice antique, bien qu'encore utilisé pour des concerts...

La vue sur la ville et l'ensemble de la baie est très belle.


Du Mausolée, il ne reste pas grand chose, entre les tremblements de terre et le "pillage" pour l'édification du château.

Une vidéo présentée sur le site, permet d'imaginer quelle fut la grandeur du lieu.

Il faut imaginer une structure de 43 mètres de haut surplombant la colline, surmontée d’un char guidé par quatre chevaux. Des colonnes entouraient l’édifice et des frises représentaient des combats entre les Grecs, les Centaures et les Amazones. 

Emblème de Bodrum, le château Saint-Pierre, domine la baie.

Sa visite est passionnante.

Les chevaliers avaient fait placer sur les murs un grand nombre de blasons peints ou gravés.

Chaque « langue » de l'Ordre avait sa propre tour, la tour des Français étant la plus grande. 

Pendant plus d'un siècle, le château Saint-Pierre resta le second plus important site de l'Ordre. Il servit de refuge pour tous les chrétiens en Asie mineure.

Devant l'imminence d'une attaque de Soliman le Magnifique, le grand maître de l'Ordre, ordonna qu'on renforce encore les défenses du château. Les derniers restes du mausolée furent utilisés.

Le sultan attaqua le siège de l'Ordre à Rhodes depuis la baie de Marmaris avec 200 000 soldats. Rhodes tomba et les termes de la reddition incluaient la restitution des forteresses de Kos et Bodrum à Soliman.

Après la reddition, la chapelle fut transformée en mosquée et un minaret fut ajouté.

Le château abrita alors une garnison et servit de prison.

Durant la Première Guerre mondiale, le château fut bombardé par un croiseur cuirassé français qui détruisit le minaret et endommagea plusieurs tours.

Après la guerre, les Italiens établirent une garnison dans le château, mais se retirèrent en 1921 quand Mustafa Kemal Atatürk prit le pouvoir. 

Le château restera inutilisé pendant 40 ans.

En 1962, le gouvernement turc décide de transformer le château en musée pour les nombreuses découvertes d'épaves de la mer Égée.

Les objets sont exposés de façon thématique dans les espaces extérieurs.

Toutes les tours et divers emplacements du château ont été convertis en salles d’exposition avec une scénographie de qualité.

Le musée d'archéologie sous-marine de Bodrum est dans l'enceinte du château et révèle de très belles pièces avec des explications et vidéos tout à fait passionnantes.

Superbe découverte culturelle dans un cadre très bien aménagé.

Pause détente dans le jardin de notre pension devant un thé offert par la maison...

Nous voulions également ressentir l'ambiance de la ville.

Car Bodrum est une ville qui attire de nombreux touristes pour ses plages :

pour son bazar avec une offre infinie de "contre-façons"...

pour ses rues très commerçantes...

et aussi des quartiers luxueux :

Nous optons très rapidement pour les ruelles hors-circuit touristique !

Nous croisons régulièrement des citernes de récupération d'eau de pluie, utilisées depuis des siècles.

Bien sûr, de nombreuses mosquées et l'appel du muezzin se mêle aux bruits de la ville...

Côté hommes...

Côté femmes, à l'étage...

Question gastronomie, de nombreux étals alléchants :

On nous explique même que le kebab avec des légumes est... diététique !

Pour chacun de nos repas sur place, nous avons trouvé des adresses fort sympathiques avec des plats de qualité à des prix défiant toute concurrence.

De quoi se lécher les babines...

Impressions d'ensemble suite à cette escapade à Bodrum :

beaucoup de bruit,

de nombreuses sollicitations et interpellations commerciales,

les rues sales,

les véhicules quasi neufs(voitures et deux roues),

une quantité impressionnante de bateaux,

beaucoup de femmes voilées (notamment des jeunes),

un patrimoine culturel très intéressant,

une grande gentillesse des locaux à notre égard,

un accueil chaleureux et de qualité dans notre pension.

Mais Bodrum n'est qu’une infime partie de la Turquie… il nous faudra donc parfaire ces découvertes !