Après avoir flâné dans les îles Ioniennes, nous profitons d’un vent portant pour mettre le cap à l’Est.

Après avoir doublé le phare de le petite île d’Oxia, nous pénétrons dans le golfe de Patras.

Notre escale sera Messolonghi, au fond de l’immense lagune que nous avons longée.

Pour y accéder, un très long chenal de presque quatre miles nautiques avant d’arriver dans un lagon très protégé.

C’est l’occasion d’admirer les maisons sur pilotis.

Mais aussi l’envol de flamands roses, les grandes aigrettes et les hérons qui ont de quoi se délecter dans les eaux de la lagune.

Les pêcheurs sont nombreux avec leurs embarcations très longues et plates.

Messolonghi, avec ses marais salant, fournit 70% de la production nationale de sel.

Nous amarrons Bellisa dans une «marina » anachronique... Les pontons sont sûrs, l’endroit très protégé mais les pendilles couvertes de gros coquillages et d’huîtres, heureusement que je portais mes gants de travail !

Visiblement des projets à grande échelle ont été imaginés mais tout semble arrêté avant l’aboutissement.

La capitainerie est immense mais ne fonctionne que le matin et les espaces prévus pour de petits commerces sont à l’abandon.

Tout est surdimensionné mais vide...

Néanmoins de gros bateaux sont stockés à terre en hivernage et d’autres à flot sont habités.


Petit tour en ville à une vingtaine de minutes à pied.

Beaucoup de restaurants et hôtels en bord de mer, est-ce parce que, pour les Grecs, la visite à Messolonghi relève du pèlerinage patriotique ?

Sous domination ottomane depuis le milieu du 15ème siècle, la Grèce se révolte en 1821.

En Europe, l’opinion publique se passionne pour le pays qui a vu naître la philosophie, les arts et la démocratie.

A l'aube du Romantisme, les écrivains comme Victor Hugo ou Chateaubriand, en France, et surtout Lord Byron en Angleterre prennent fait et cause pour les Grecs. Tempérament de feu, Byron s'engage personnellement et se rend à Messolonghi pour combattre et apporter son aide aux insurgés. Il meurt dans cette ville de fièvre paludienne.

Dans la conscience européenne, le destin tragique du poète et la tragédie du peuple grec se confondent alors avec Messolonghi.

 Victor Hugo écrivit un poème en l’honneur des héros :

« Frères, Missolonghi fumante nous réclame, 

Les Turcs ont investi ses remparts généreux. 

Renvoyons leurs vaisseaux à leurs villes lointaines.

(...) 

Missolonghi ! - Les Turcs ! - Chassons ô camarades, 

Leurs canons de ses forts, leur flotte de ses rades. »


Pour nous, la visite fut beaucoup plus tranquille dans cet endroit au bout du monde...