16 mai 2023.

Les routes de Bellisa et de Yemaya se séparent.

Nous profitons d'une météo favorable pour remonter dans les Cyclades en direction de l'île de Syros.


Syros est la capitale administrative des Cyclades, ainsi qu’un centre important pour le commerce, grâce à ses chantiers de construction navale et à sa vie culturelle.

L’arrivée dans la baie d’ Ermoupoli, la capitale portuaire, est impressionnante.

Dès l'entrée dans la rade, la ville, aux teintes ocre, étagée sur deux collines attire le regard et le très grand chantier naval impose sa présence.

D'après les informations que nous avions glanées, le port principal est en pleine ville et peut accueillir de nombreux bateaux mais il est bruyant et soumis aux remous incessants dûs à la circulation des navires à passagers.

Peu tentés par cette description, nous optons pour la marina abandonnée, située au Sud de la baie... Certes, ni eau, ni électricité mais la tranquillité et, comme marcher ne nous fait pas peur, l'éloignement de la ville n'est pas un problème.

Les nuits y sont calmes et l'ambiance est bon enfant...

De plus, la vue sur l'ensemble de la baie est remarquable.

Nous pouvons laisser Bellisa, dans les vestiges d'une époque plus florissante pour partir sereinement découvrir la ville et l'île...

C'est donc à pied, en longeant l'ensemble de la baie, que nous gagnons le centre de la ville.

Ce qui nous permet de longer le port de pêche,

de traverser les quartiers populaires qui entourent le grand chantier naval,

Le chantier naval de « Neorion », où en 1854 fut construit le premier bateau à vapeur, contribue au développement économique de l’île dès le XIXe siècle.

Mais s'il est toujours vecteur d'emploi, la pollution aux métaux lourds est au coeur d'une polémique qui a été portée devant la Justice... L'envers de la médaille !

Ce qui frappe en arrivant à Ermoupoli, c'est le changement architectural : façades ocres, balcons ouvragés, consoles sculptées, colonnades.... La ville raconte une histoire différente, propre à Syros. Elle tire son nom d'Hermès, dieu des marchands et des messagers.

En 1207, les Vénitiens prennent le contrôle de l'île qui devient alors terre d'asile pour les catholiques francs de l'archipel, fuyant les Turcs.

Sous la période ottomane, grâce à sa minorité catholique, l'île bénéficie de la protection des rois de France.

Syros est à nouveau une île refuge pour les colons d'îles voisines (dont Chios, Samos et Kasos), mais aussi de diverses villes d'Asie Mineure, lors de la révolution de 1821 contre les Turcs, à l’époque où l’île était sous la protection des Français.

Ce sont ces émigrés qui fondent Ermoupoli et la ville a prospéré grâce aux initiatives des nouveaux résidents.

Au milieu du XIXe siècle, elle était devenue un centre commercial, industriel et maritime, plus petit qu'Athènes uniquement en importance et en population.

Les belles demeures néoclassiques des armateurs et des riches négociants sont encore visibles mais pas toujours en parfait état...

Avec la croissance de ses richesses, Ermoupoli s’est aussi développée dans les domaines artistique et culturel. La haute société fréquentait assidûment le théâtre Apollon que nous ne manquons pas d'aller visiter.

Inspiré (en miniature...) de la Scala de Milan, ce petit théâtre à l'italienne est toujours en activité.

Certes les divas n'y arrivent certainement plus en chaise à porteur...

Autre élément remarquable à Ermoupoli : la grand-place Miaouli, inspirée des piazze italiennes. La statue de l'amiral Miaoulis, héros de la guerre d'Indépendance, se dresse devant la monumentale façade néoclassique de l'hôtel de ville, dans l'enfilade de l'avenue qui mène au port.

Coup de chance : c'est l'heure d'ouverture de la mairie et la jeune femme chargée de la sécurité nous invite à entrer dans l'édifice pour en admirer l'architecture.

En rentrant au bateau, nous visitons l'église de la Kimissis et sommes rappelés, en la quittant, par la fille du pope qui nous fait voir l'îcone de "La dormition de la Vierge", datant du XVIe siècle, oeuvre de jeunesse de Domenikos Theotokoupoulos, alias... Le Greco !

Belle première journée dans cette belle ville aux rues pavées de marbre.