A force de longer la côte et d’imaginer l’intérieur de la Sardaigne, cela ne pouvait pas en être autrement, nous profitons d’une escale prolongée à Arbatax pour partir deux jours à l’intérieur de l’île.

Le premier jour, nous nous dirigeons vers le principal massif montagneux de la Sardaigne, le massif du Gennargentu qui culmine avec Punta La Marmora à 1834m.

D’Arbatax, nous l’abordons par son versant oriental qui correspond à la région de l’Ogliastra. Cet immense amphithéâtre ouvert sur la mer est un monde à part. Comme la pluie, en Sardaigne, vient presque toujours de l’ouest, le relief bloque les intempéries et le paysage s’est transformé en un désert rocailleux.

Les troupeaux sont en liberté et nous croisons régulièrement le bétail, sur la route...

Petit arrêt à Fonni, le village le plus élevé de Sardaigne à 1000m d’altitude et point de départ des excursions à destination de la Punta La Marmora. La commune héberge également la plus grande station de ski de l’île !

Toujours des fleurs devant les maisons, dont beaucoup d'hortensias, mais aussi des tas de bois car l'hiver peut être rude.

En traversant les différents villages, nous constatons qu’une tradition semble être les fresques murales qui souvent évoquent des scènes quotidiennes ou religieuses.

Nous sommes désormais sur le versant occidental du massif, densément boisé, pays des ruisseaux, des fontaines, du miel et… du nougat !

Nous qui voulions voir du vert pour varier de la Grande Bleue, nous sommes servis…

Notre premier jour d’escapade étant un dimanche, force est de constater que c’est, en Sardaigne, la journée consacrée exclusivement à la famille : tout est fermé et les routes sont désertes.


Notre choix pour l’étape du soir s’est porté sur l’agriturismo ou tourisme vert, mode d’hébergement particulièrement développé sur l’île. Nous arrivons donc en fin d’après-midi, après quelques kilomètres sur un chemin de terre à Testone , domaine agricole où le corps de ferme a été restauré pour pouvoir offrir 8 chambres aux touristes de passage.

Nous y trouvons un accueil hors pair et profitons le soir de la cuisine généreuse du fils de la maison à partir des produits de l’exploitation. Adresse que nous recommandons largement : http://www.agriturismotestone.com/

Le père, autour d’une bière sarde, nous explique combien son propre grand-père avait été visionnaire en se lançant à l’époque dans ce type d’activité qui depuis quatre générations permet à la famille de faire vivre le domaine et de donner à découvrir aux vacanciers de passage.

Une grande promenade à pied, en compagnie d’un des chiens de la maison qui nous a définitivement adoptés…, nous permet de nous imprégner de l’ambiance des lieux.



Départ après une bonne nuit dans un calme absolu pour aller percer le secret des fameux bandits sardes, en Barbagia, la terre rebelle !

Les Romains nommèrent Barbagia les zones montagneuses où se réfugiaient les peuples indomptables, hostiles au pouvoir central. L’insoumission va perdurer au fil des siècles et, au XIXe, cette résistance du monde agro-pastoral s’exprime à travers le banditisme. L’Etat tentera de rétablir l’ordre en organisant des arrestations de masse : politique largement inefficace qui se maintiendra jusqu’aux alentours des années 1960…

Si l’essor économique des années 1970 permet une meilleure intégration du monde paysan et que la Barbagia est désormais pacifiée, on croise toujours des panneaux routiers criblés de balles et des habitants à la mine sombre et au comportement un peu rude !

Nous ne pouvions donc pas manquer une halte à Orgosolo, ancien repaire de féroces bandits, village accroché aux contreforts du Supramonte.

Orgosolo est désormais célèbre par ses murales, disséminées dans tout le village.

La première fresque date de 1969 et est l’oeuvre d’un groupe anarchiste dénonçant l’occupation des terres par l’armée.

Viennent ensuite une série de fresques illustrant la résistance contre le racisme.

Les thèmes des 350 murales se multiplient : dénonciation de l’injustice sociale, de la corruption, des guerres, mais aussi faits historiques et scènes de la vie d’autrefois.

Sortis sains et saufs de cette terre rebelle, nous repartons vers Dorgali, petite ville encerclée par les vignes et les oliveraies.

Nous traversons ensuite le Parc national du golfe d’Orosei et du Gennargentu.

La variété des paysages y est extraordinaire et, à quelques kilomètres de la mer à vol d’oiseau, le dépaysement que nous recherchions est garanti.

Les roches rouges d'Arbatax, les célèbres Rocce Rosse, nous accueillent pour un retour à bord de Bellisa, la tête pleine d'images de la Sardaigne intérieure !