12 octobre : Il est temps de rejoindre l'île de Leros où nous avons prévu de laisser Bellisa en hivernage puisque la sortie d'eau est avancée au jeudi 14, les prévisions de vent étant soutenues pour la fin de semaine.

Nous parcourons nos quinze derniers miles entre Patmos et Leros et prenons une bouée devant le chantier alors que le ciel devient menaçant.

Le site est sauvage, une petite reconnaissance en annexe nous permet de découvrir les lieux et faire les dernières photos de Bellisa à flot.

Comme demandé par le chantier, nous affalons les voiles d'avant (génois et trinquette) et les plions à bord avant la sortie d'eau.

Dans notre souci de bien faire, nous décidons d'enlever le loch (qui permet de mesure la vitesse du bateau) afin qu'il ne soit pas abimer lors de la sortie d'eau. Il s'agit d'une pièce cylindrique dont l'extrémité, située dans l'eau, sous le bateau, est munie de petites ailettes. L'opération consiste à retirer cette pièce et à la remplacer très vite par un bouchon de même taille. Quand tout se passe bien, un peu d'eau rentre dans les fonds lors de l'échange. Nous connaissons bien la manoeuvre et sommes prêts :

Mais, cette fois-ci, rien ne se passe comme prévu... Certes le loch sort facilement, mais au moment d'enfiler le bouchon, celui-ci ne rentre pas à fond... laissant la Méditerranée tenter de pénétrer dans le Bellisa... Vite, la main plaquée sur le trou...

Nouvel essai en tentant de replacer le loch : même problème !!! Le capitaine enfile son doigt dans l'orifice et constate qu'un petit clapet métallique, n'ayant pas apprécié la manipulation, s'est tordu et bloque le passage.

Sa fidèle équipière va obstruer le trou du mieux possible avec la main... le temps de la réflexion !

Les minutes qui suivent paraissent bien longues et plutôt angoissantes.

Un essai de pinoche en bois n'est pas efficace. Une solution s'impose : couper la moitié du bouchon, au dessus du niveau du clapet, pour ne garder que la tête à visser.

Notre voisin de mouillage, Patrice, étant équipé d'une petite meuleuse, le capitaine avironne (tel l'éclair) jusqu'à son bord.

Je poursuis mon office de bouchon pendant ce temps... Les deux hommes reviennent à bord, mais le bouchon s'avère non étanche et laisse rentrer allègrement l'eau dans le bateau !

Je reprends mon rôle de bouchon pendant que les deux capitaines s'évertuent à étanchéiifier la pièce avec du silicone et du ruban auto-vulcanisant. L'essai s'avère concluant, le problème est réglé, certes nous avons maintenant des litres d'eau à évacuer des fonds mais nous avons gagné un ami...

Nous sommes passés très près d'un problème majeur à quelques mètres de la cale de sortie d'eau...

Nous passons la nuit suivante à nous relayer pour vérifier si la réparation tient le coup...

Heureusement, tout va bien. Il nous faudra trouver une solution pérenne cet hiver.

Voici l'orifice qui nous a fait de grosses frayeurs :

Le jour J, nous nous amarrons au petit quai du chantier et c'est en musique, grâce à un pêcheur local, que s'effectuent les derniers préparatifs...

637485760][vimeo=

Pour nous, ce sera cette année une nouvelle technique de sortie d'eau mais le personnel du chantier est qualifié, attentif et très bien équipé, tout se passe donc pour le mieux.

Derniers calages et Bellisa est en place pour l'hiver !

Nous avons prévu plusieurs jours pour tout le travail de nettoyage et de stockage nécessaire avant de laisser le bateau.

Ici, au chantier, les conditions sont excellentes et nous bénéficions d'une aire de rinçage, de nettoyage et de séchage des différentes voiles et des nombreux cordages utilisés à bord.

Nous devons aussi bien sûr rincer à l’eau douce tous les fonds du bateau qui ont tâté l’eau de la mer lors de notre épisode loch…

Et pour ajouter un petit clin d'oeil bien grec, le troupeau de biquettes qui scandent de leur cloche le travail...

Surprise un matin, un âne et un cheval ont trouvé le moyen de venir voir de plus près ces étranges navigateurs...

... mais respectent le travail en évitant les voiles...

Sympa !!!

Depuis notre aventure avec le loch, nous avons sympathisé avec Sylvie et Patrice, sur leur voilier "Félicien", qui, en habitués des lieux, nous donnent de bonnes informations et avec qui nous passons de bons moments tout en travaillant.

Bellisa est donc prêt à passer l'hiver à Leros.

Nous nous accordons tout de même un peu de temps libre pour découvrir cette petite île de Leros :

un mélange de mer et de montagne,

de jolies baies qui présagent de mouillages sympathiques au printemps prochain,

des églises ou chapelles en pleine nature,

des moulins qui donnent du charme au paysage,

un château où nous trouvons porte close mais une vue imprenable !

de beaux petits ports,

Mais, ces paysages idylliques ne doivent pas faire oublier que vivent, sur cette même île, dans un camp fermé nombre de migrants et demandeurs d'asile...

Jeudi 21 octobre :

Nous embarquons de nuit à bord du ferry qui va traverser la Mer Egée pour nous faire accoster à Athènes d'où nous rejoindrons la Bretagne.

Arrivée au port du Pirée après une nuit tranquille.

Nous ne sommes plus habitués à la ville et à sa foule... mais nous avons la tête pleine de souvenirs qui vont nourrir nos futurs projets de navigation !