5 septembre 2022 :

La préparation de Bellisa avance bien, nous nous offrons un peu de temps libre en compagnie de Philippe et Lydie pour une balade dans l'île de Leros.

L'histoire de Leros est plus contemporaine qu’antique.

En 1912, Leros passa, comme le reste du Dodécanèse, de l’occupation ottomane à l’occupation italienne.

Au cours de cette période, les Italiens réalisèrent de nombreuses constructions de grande envergure, comme la base aéronavale de Leros et la ville de Lakki. Cette île fut en effet choisie pour son importance stratégique et sa géomorphologie présentant de nombreuses baies naturelles bien protégées.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Leros fut le champ de bataille d’une importante offensive en 1943 lorsque les Allemands tentèrent de reprendre l’île aux Italiens.

Elle fut très durement bombardée pendant plus d’un mois et demi avant de tomber finalement aux mains de l’ennemi.

C’est cette bataille qui a inspiré la bataille de Kéros dans le film « Les canons de Navarone ».

La baie de Lakki abritait une importante base d’hydravions et un port naturel très profond, d’où son importance stratégique pour les forces allemandes en Méditerranée.


Si nous avions repéré dans l'architecture de Lakki le style mussolinien, nous étions déjà, à notre passage en juillet, à la recherche de "Terra Amata", dont Philippe et Lydie avaient eu des échos.

Nous voici donc partis à pied sur les chemins du sud de l'île à la recherche des vestiges du camp de la compagnie "San Marco", construit alors que Leros était une base navale italienne.

Marche au soleil bien récompensée non seulement par la vue sur l'île de Kalymnos...

mais aussi par la découverte des vestiges du bâtiment :

... dont l'intérieur nous réserve de belles surprises !

L'un des soldats italiens devait être un véritable artiste, grand amateur et connaisseur de Brueghel l'Ancien, puisqu'il orna les pièces austères du camp de fresques incroyables en ce lieu...

Lorsque Leros tomba aux mains des allemands, en 1943, des soldats artistes y répondirent avec des peintures murales d'un tout autre style !


Fresques totalement surréalistes en ce lieu ouvert à tous vents et qui servit de bergerie depuis...


Pour compléter l'histoire de l'île, comme le reste du Dodécanèse, Leros fut rattachée à la Grèce en 1948.

Après-guerre, les gouvernements grecs ré-affectèrent de nombreux bâtiments militaires. C'est ainsi que fut fondé l’hôpital psychiatrique en 1959.

Au cours de la junte militaire (1967-1974), les vieilles casernes furent transformées en camp de concentration pour accueillir les dissidents politiques : Leros devint ainsi une île de réclusion et d’exil, et surnommée « l’île des damnés ».

En 1989, les conditions de vie des malades mentaux et les nombreux cas de maltraitance suscitèrent un scandale dans le monde entier, surtout grâce aux reportages du journal britannique The Guardian. Le philosophe et psychanalyste Félix Guattari fit partie d’une délégation internationale qui visita l’asile de Leros, il écrivit ensuite son ouvrage "De Leros à La Borde".

Depuis 2016, l’ile est un point d’arrivée de nombreux migrants, pour beaucoup syriens ou pakistanais, en provenance de Turquie.

Le camp qui domine la baie de Lakki, rappelle que Leros est donc toujours "terre d'exil"...

Nous apprécions et reconnaissons la grande chance que nous avons de profiter en toute liberté de cette île !


7 septembre 2022 :

Le Meltem a retardé d'une journée notre mise à l'eau.

Une accalmie relative permet au chantier de ramener Bellisa à son élément.

L'aventure continue ...