"La patience mène à bien, la précipitation à rien" dit un proverbe turc...

"Goutte à goutte, l'abreuvoir se remplit" renchérit un proverbe grec...

C'est effectivement de patience dont nous nous armons pour arriver au bout de nos ennuis techniques !


Samedi 28 mai 2022 : Nous sommes à Porto Heli depuis une semaine déjà alors que la météo est parfaite pour naviguer...

Mais entre le moteur de Bellisa dont une alarme se déclenche de manière intempestive, le nouvel ordinateur qui ne nous communique pas les AIS pour repérer les autres navires et le moteur hors-bord de l'annexe qui ne daigne pas démarrer, il n'est pas question de poursuivre notre route...

Nous trouvons un mécano qui prend en charge le hors-bord, nettoie à fond le carburateur et nous le ramène à bord.

Super, un problème de réglé... le capitaine va faire des ronds dans l'eau pour s'en assurer.

Pour l'ordinateur, Argyris Kottaras, l'électronicien passe à bord et identifie le problème. Il lui faut changer une pièce et refaire des installations. De patience, il n'en manque pas et à sa seconde venue vers 20h, il quitte le bord à 21h30... ayant triomphé de la machine !

Problème AIS, réglé...


Pour le moteur principal, c'est plus compliqué : Vaso, mécanicienne en chef d'Ermioni Marine, vient à bord avec deux de ses mécaniciens.

Durant l'heure qu'ils passent à bord, la discussion va bon train en grec entre les pros, avec traduction en anglais pour nous, par Vaso.

Il est décidé d'avancer par étapes pour essayer de cerner le problème.

Premier essai : repartir naviguer alentour en isolant le circuit du chauffe-eau du moteur pour savoir si le problème viendrait d'une surchauffe du chauffe-eau. Bons élèves, nous sortons en mer le lendemain en suivant toutes les consignes : l'alarme se déclenche au bout d'une demi-heure... retour à la voile en tirant des bords. Il faut bien relancer le moteur pour la manoeuvre d'amarrage, nous avons le temps de la terminer quand l'alarme sonne à nouveau ! Le chauffe-eau semble donc innocenté...

Entre-temps, sur les conseils de Véro et Rémi sur YAD, nous nous inscrivons sur le blog des navigateurs francophones en Grèce et découvrons qu'un autre voilier français a le même problème que nous sur le même moteur. On se sent moins seul... mais pas de solution pour autant. Comme nous, ils ont fait le test d'isoler le circuit du chauffe-eau, sans succès.

Second essai : tester la température de différentes parties du moteur en marche, notamment lorsque l'alarme se déclenche. Encore faut-il avoir l'outil adéquat : un pistolet laser testeur de température ! Nous louons une voiture pour aller à la petite ville la plus proche où nous sommes censés en trouver un... erreur, on ne nous propose qu'un pistolet testeur de température corporelle (merci COVID).

Vaso fait pour nous une commande à Athènes du pistolet nécessaire et nous le fait livrer en taxi au bateau...

L'arme magique est maintenant à bord, il faut repartir faire les tests...

Nous apprenons que le voilier ayant le problème identique a un temps d'avance sur nous, ils ont trouvé le pistolet et ont donc tiré avant nous... Le verdict tombe pour eux : les températures relevées sont normales, c'est donc la sonde qui déclenche l'alarme qui dysfonctionne.

Il y a des chances que ce soit la même chose pour nous, aussi demandons-nous à Vaso si elle dispose de la sonde en question en stock dans son chantier. Pas de chance, elle n'en avait qu'une... et vient de l'expédier au bateau français sur lequel ils avaient travaillé cet hiver... Pas dégainé assez vite...

Nous insistons pour qu'elle commande la pièce sans attendre les résultats de notre test, mais comme celle-ci n'est pas disponible chez Volvo, il va falloir la faire venir de l'étranger ! Donc, nous en prenons pour une petite semaine de plus, si tout va bien.

Et hop, une nouvelle dose de potion "patience" pour l'équipage !!!


Mais, nous avons la chance d'être fort bien entourés à distance par les amis navigateurs qui compatissent :

Patrice et Sylvie, sur Félicien, savent ce que c'est que la patience, puisqu'ils attendent leur nouvel arbre d'hélice à Leros. Ils nous appellent régulièrement.

Véro et Rémi, sur Yad, nous donnent des conseils et nous ont bien orientés sur le blog des navigateurs où nous glanons des infos intéressantes pour la suite de la navigation.

Philippe et Lydie, sur Yemaya, voguent à toute allure vers la Mer Egée. Ils sont très souvent en contact direct avec nous, nous donnent plein de conseils et vont peut-être venir jusqu'à Porto Heli d'ici peu... Nous avons hâte de les revoir !

Même Peros, le patron du chantier Patmos Marine où nous nous étions arrêtés à la première alerte, nous envoie par mail tous les conseils pour faire bon usage du pistolet testeur....


La vie à quai, permet au moins, de profiter de l'arrivée des petits bateaux de pêches. Tous les jours, je vais faire ma curieuse et le contact passe bien avec un couple sur un tout petit bateau. Le premier poisson acheté (un mulet) était excellent et ce soir, ce sera daurade au menu de Bellisa...

Nous avons aussi la compagnie d'une impressionnante sauterelle qui passe une matinée à bord à nous observer :

C'est moins bon dans l'assiette...


Nous continuons à nous protéger du soleil, en variant les tentures. Il fait chaud dans la journée et la température monte à 30° dans le bateau, heureusement les nuits sont moins éprouvantes et le thermomètre du bateau retombe à 22-23° au réveil.

Quand le soleil tape moins fort, nous partons en balade, notamment à l'entrée de la lagune au Nord de Porto Heli.

La salicorne prolifère sur cette zone riche en sel marin :

Nous rapportons un joli bouquet, qui le soir même terminera dans le vinaigre :

Nous découvrons le long du chemin de nombreux caroubiers aux fruits impressionnants :

Le matin même, nous avions acheté un très bon pain fait à base de farine de caroube !

En cherchant des informations sur cet arbre et surtout ce fruit, nous apprenons que les graines ont servi d'unité de mesure dans l'Antiquité. Leur nom est à l'origine du carat, qui représentait la masse d'une graine de caroube, dans le commerce des pierres précieuses. Donc, il y a un rapport entre notre caroubier et les diamants !!!

Nous repérons quelques épaves qui pourraient tenter Philippe pour ces oeuvres d'art hivernales...

Grand moment, nous ne sommes pas passés loin de l'accouchement d'une pouliche...

A notre passage, son petit était encore couvert de placenta, elle-même n'avait pas encore tout évacué.

Dès le lendemain matin, nous sommes revenus leur rendre visite : tout allait bien et le poulain gambadait déjà...

C'était la séquence émotion !