7 juillet 2023.

Lever tôt pour nous trouver dès l'ouverture sur le site antique d'Ephèse.

Au terme de presque 150 ans de fouilles, Ephèse est devenue la cité antique avec la mise à jour la plus complète du monde gréco-romain et il reste encore 80% de la ville à fouiller...

Capitale de la province d'Asie romaine, Ephèse était une ville forte d'environ 250 000 habitants, quatrième cité la plus peuplée de l'Empire après Rome, Alexandrie et Antioche.

Auxquels s'ajoutaient les commerçants, les navigateurs et les pèlerins du temple d'Artémis ! Elle offrait donc toute la diversité du monde méditerranéen.


Le travail de Joshua J. Mark (écrivain indépendant, Il a enseigné l'histoire, la littérature et la philosophie au niveau universitaire, est co-fondateur, éditeur et directeur de l'Encyclopédie de l'histoire ancienne) nous renseigne sur l'évolution dans le temps d'Ephèse :


"Selon la légende, Éphèse fut fondée par la tribu des Amazones, grandes guerrières féminines.

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A sa période grecque, Éphèse était un lieu d'érudition ainsi que le berceau et la maison du grand philosophe pré-socratique Héraclite. Les femmes y jouissaient de droits et de privilèges égaux à ceux des hommes et il existe des registres de femmes artistes, sculptrices, peintres et enseignantes.

La nuit, les rues de la ville étaient éclairées avec des lampes à huile, un luxe que peu de villes pouvaient se permettre. 

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La défaite de Crésus par Cyrus, le roi de Perse, amena toute l'Anatolie sous domination perse, mais Éphèse continua à prospérer en tant que port de commerce important. Lorsque les ville-états ioniens se rebellèrent contre la domination perse au Ve siècle av. J.-C., Éphèse resta neutre et échappa ainsi aux destructions subies par tant d'autres villes aux mains des Perses. Éphèse resta sous domination perse jusqu'à ce qu'elle soit libérée par Alexandre le Grand en 334 av. J.-C.

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En 129 av. J.-C., l'Empire romain acquit Éphèse conformément aux dernières volontés d'Attalos, roi de Pergame, par lesquelles ils héritèrent de son royaume. Elle resta également un centre politique et intellectuel de premier plan, avec l'impressionnante bibliothèque de Celsus et la deuxième école de philosophie de la mer Égée.

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Après que le christianisme devint la religion dominante de la région, Éphèse déclina dans sa culture et ses activités intellectuelles. L'empereur Théodose fit fermer tous les temples et les écoles et les femmes furent réduites au statut de citoyen de deuxième classe, ne pouvant plus enseigner aux hommes ou travailler de façon indépendante dans les arts...

Le culte de l'ancienne déesse mère Artémis fut interdit et le temple d'Artémis fut détruit par une foule chrétienne, les ruines utilisées comme carrière pour les matériaux de construction pour d'autres projets locaux tels que les églises. Les rues, autrefois ornées de statuaires, très entretenues et éclairées par les lampes à huile la nuit, tombèrent en ruines et plongèrent dans les ténèbres alors que l'attention des citoyens aujourd'hui chrétiens d'Éphèse était dirigée vers la seconde venue de la lumière du monde, le nouveau dieu Jésus-Christ. "


Une description d'Éphèse, faite par Pline l'Ancien, indique que « la mer avait l'habitude de monter jusqu'au temple de Diane » mais la zone s'est progressivement ensablée, et la ville se trouve actuellement à près de sept kilomètres de la côte égéenne !

Nous démarrons notre visite par l'entrée supérieure de la ville antique qui va nous permettre de déambuler sur 3 km jusqu'à la porte inférieure.

Dans le Haut Ephèse, premier arrêt à l'Odéon qui servait aux conférences et aux concerts, fort de ses 1400 places aux sièges de marbre. Il accueillait également les 450 membres de la chambre du conseil du gouvernement de la ville.

Les temples, fontaines et monuments prestigieux se succèdent dans un cadre verdoyant.

Les thermes supérieurs, comme souvent dans les villes antiques, étaient bâtis à l'entrée de la ville afin que les visiteurs puissent procéder à leurs ablutions ou soins divers.


Sur tout le site, les colonnes grecques ioniennes, cannelées et très décorées côtoient les colonnes romaines, lisses et dénuées d'ornement.

La voie des Curètes (prêtres chargés de l'administration du temple d'Artémis) était la grande artère de la ville. Longue de 210 mètres, elle était bordée de statues, de bâtiments civils et religieux, de boutiques, d'ateliers et même de restaurants.

Plusieurs structures bordant la voie comportent des creux où étaient disposés des lampes à huile. Dans les trous plus grands étaient logées des torches. Ainsi, cette artère principale était éclairée la nuit !

Et bien sûr, si besoin, passage aux latrines...

Nous poursuivons avec la visite du quartier des maisons en terrasses : sept maisons romaines ont été mises à jour et les fouilles ont permis de découvrir le luxe et le confort des lieux de vie des habitants fortunés, entre fresques, mosaïques, parures de marbre et nombre de pièces...

Aperçu saisissant du monde perdu d'Ephèse...

Nous poursuivons nos découvertes vers la spectaculaire bibliothèque de Celsus.

C'est un exemple typique du style architectural qui prévalait à l'époque où, surtout en Orient, les façades très décoratives étaient en vogue, avec plusieurs niveaux et une multitude de parties saillantes, des fausses fenêtres encastrées, des colonnes, des frontons et des statues.

Le bâtiment était le dépôt de plus de 12 000 rouleaux et l'un des bâtiments les plus impressionnants de l'Empire romain. Les précieux documents y étaient protégés des variations de température et de l'humidité par un espace d'un mètre entre les murs intérieurs et extérieurs.

En poursuivant notre déambulation, nous parvenons à l'agora inférieure, autrefois pourvue d'une colonnade massive qui accueillait un marché textile et alimentaire. Sa proximité avec le port permet de supposer que certains produits étaient importés.

Face à la voie du port, le grand théâtre !

Reconstruit par les Romains qui conservèrent quelques éléments d'origine, notamment la forme ingénieuse des gradins, il pouvait accueillir jusqu'à 25 000 spectateurs.


Nous voici à proximité de la porte inférieure par laquelle nous quittons le site...

... non sans avoir repéré quelques bornes militaires qui indiquaient les distances vers ou depuis Ephèse.


Il nous faut maintenant revenir à notre époque... et, depuis Selçuk, regagner Kusadasi en dolmus !

Nous avons le temps de replonger dans le monde moderne par une courte visite de Kusadasi privilégiant ses bons côtés, avant notre traversée vers Samos...